Nothomb
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
TCL C74 Series 55C743 – TV 55” 4K QLED 144 ...
Voir le deal
499 €

 

 Le Matin (2009)

Aller en bas 
AuteurMessage
Sylbao
- est un respectable :
- est un respectable :
Sylbao


Féminin Nombre de messages : 1032
Age : 34
Localisation : Bordeaux
Emploi/loisirs : Etudiante en lettres modernes
Date d'inscription : 08/02/2009

Le Matin (2009) Empty
MessageSujet: Le Matin (2009)   Le Matin (2009) Empty16/8/2009, 01:29

Amélie Nothomb: «La démarche psychédélique est passionnante»




Amélie Nothomb n'a pas fini de surprendre son public



Après le champagne l'an passé, l'auteur fait, dans son nouvel opus, «Le voyage d'hiver», l'éloge des champignons hallucinogènes. Sans tabou comme toujours, elle raconte son goût prononcé pour le dérèglement des sens.

Anne-Sylvie Sprenger - le 15 août 2009, 22h40
Le Matin Dimanche

Étrange, Amélie Nothomb. Sous ses chapeaux gigantesques, se cache une petite fille amusée qui se rit de la vie et du monde. Si elle affiche ses excès de la même manière qu'elle maquille ses lèvres de rouge carmin, c'est par souci de vérité. Sa folie fait son charme. Son écriture, sa force. Et elle n'a pas fini de surprendre son public. Après les bulles de champagne, l'écrivaine fait aujourd'hui l'éloge des champignons hallucinogènes. Sans tabou également, elle donne voix, dans son nouvel opus, «Le voyage d'hiver», à un narrateur fou de rage, prêt à un terrible acte terroriste, en raison d'une déception amoureuse.


Votre style est de plus en plus indéfinissable. Est-ce important pour vous d'amener une nouveauté?

Il m'importe beaucoup quand j'écris, mais de façon instinctive, d'être à l'avant-garde de moi-même. Donc d'explorer de l'inconnu. Si je ne suis pas dans de l'exploration, ça ne m'intéresse pas.


Après le champagne l'an passé, vous faites l'éloge des champignons hallucinogènes...

La loi ne me permet pas trop de répondre à ce genre de questions... Disons qu'en littérature, je ne suis pas la première. Toute la démarche psychédélique est forcément passionnante. Psychédélique signifie, comme son nom l'indique, qu'il s'agit de montrer l'esprit. Est-ce que ce n'est pas le but de la littérature, et de l'art en général? Pour moi, la littérature est un travail de perception. Quelle meilleure façon d'explorer les principes mêmes de la perception que le psychédélisme? Le psychédélisme est une remise en question fondamentale de toutes les perceptions. Donc forcément, ça doit se recouper tôt ou tard avec la littérature.


D'où vous vient ce goût pour l'ivresse?

Je pense que j'ai une passion pour l'enthousiasme, au sens que les Grecs donnaient à ce mot: il s'agit d'atteindre cet espèce d'état divin. L'idée que dans un certain état de transe, qui peut aussi bien être l'ivresse que le dérèglement de tous les sens cher à Baudelaire, la perception du monde est la plus intéressante. L'ivresse est prévue par le cerveau, donc pourquoi ne pas y aller? Y aller tout le temps, j'ai essayé, ce n'est pas possible. Essayer d'écrire en état d'ivresse, c'est matériellement impossible. Il ne faut donc pas être tout le temps ivre, mais je pense qu'il faut l'être régulièrement.


L'écriture est-elle de la même nature?

Le but de l'écriture est certainement de s'enivrer. Il y a aussi une ivresse de l'écriture, que l'on n'atteint pas tous les jours, mais quand on y parvient, c'est l'extase. C'est la plus grande de toutes les ivresses, aucune autre ne lui arrive à la cheville. D'autant plus que c'est une ivresse qui dure longtemps.


La fuite dans l'ivresse ne signifie-t-elle pas que l'on trouve la vie ennuyeuse?

Pas nécessairement. Une certaine paresse mentale peut nous amener à la trouver ennuyeuse. Et il peut m'arriver d'être sujette à cette paresse mentale. Mais si on fait un minimum d'effort, elle ne l'est pas. Même le jour le plus plat, même la tâche la plus plate et la plus bête peut contenir sa part de magie.


Pourquoi mettez-vous aussi souvent en scène des gens qui écrivent?

Dans le cas du personnage d'Aliénor Malèze, c'est certainement un autoportrait. C'est la première fois que je façonne quelqu'un qui écrit et qui me ressemble.


Vous y allez un peu fort: vous décrivez ce personnage dans le livre comme une écrivain «neuneu»...

Je suis neuneu aussi, vous savez. Peut-être juste que cela se voit moins. Sincèrement, je crois que seul le bec de lièvre nous différencie.


Vos héros sont souvent des anti-héros, pourquoi ce choix?

Il y a de tout en eux, ils sont infects, ils sont touchants, on les comprend et pourtant ce sont des salauds. Dans la vie, on est parfois obligé de choisir entre les fréquentables et les infréquentables, ne serait-ce que pour se protéger. Dans le roman, on peut ne pas choisir, on peut aller directement avec les infréquentables.


Votre narrateur est rendu fou de rage à cause d'une déception amoureuse et il se voit commettre un acte terroriste. Vous-même, qu'est-ce qui peut vous mettre dans un tel état?

Certaines formes de trahisons me mettent vraiment hors de moi. Ça ne m'est pas arrivé souvent dans la vie et jamais assez durablement pour accomplir ce genre d'actes. Mais je comprends en même temps certaines réactions: quand on découvre l'extraordinaire bassesse d'une personne que l'on avait portée aux nues, c'est abominable.




Des champignons et des tensions amoureuses :

Employé chez EDF, le narrateur du roman tombe éperdument amoureux d'Astrolabe, lors d'une visite de routine aux nouveaux locataires. Or, Astrolabe n'habite pas seule: elle consacre sa vie à s'occuper d'Aliénor Malèze, une «écrivain neuneu». Ne pouvant jamais partager de moments seul avec sa dulcinée, le narrateur va sentir croître en lui un énorme sentiment de frustration. Et ce n'est pas le fait de remplacer l'acte amoureux par une expérience aux champignons hallucinogènes qui va calmer ses ardeurs! Bientôt, il ne restera plus que la possibilité de commettre un acte terroriste grandiloquent pour apaiser sa contrariété... Avec son humour bien à elle, Amélie Nothomb nous entraîne dans une folle histoire de passion et de frustration, aussi troublante qu'inquiétante. Et affirme toujours plus son style indéfinissable, comme une musique venue des bas-fonds de soi-même.
Revenir en haut Aller en bas
 
Le Matin (2009)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Le Matin Dimanche (2011)
» «Le Matin» sabre le champagne avec Amélie Nothomb
» Le Figaro (2009)
» Un blog RTL, 2009
» Lille (2009)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Nothomb :: Amélie Nothomb :: Interviews :: Presse-
Sauter vers: