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 France soir (2009)

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Sylbao
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Sylbao


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MessageSujet: France soir (2009)   France soir (2009) Empty21/8/2009, 15:13

Propos recueillis par Magali Vogel, le jeudi 20 août 2009 à 04:00



Amélie Nothomb sort ce jeudi Le Voyage d’hiver

Après Le Fait du prince, Amélie Nothomb nous raconte son Voyage d’hiver aux éditions Albin Michel.

Insaisissable et inclassable, Amélie Nothomb ne cesse de nous étonner. Chacun de ses romans est une nouvelle aventure littéraire. Adepte des antihéros, l’écrivaine nous plonge dans Le Voyage d’hiver, une histoire d’amour toxique qui mènera le personnage principal, Toile, à détourner un avion. Une fois de plus, Amélie Nothomb ne fait pas dans le traditionnel.



FRANCE-SOIR. Le Voyage d’hiver est votre 18e roman et vous arrivez toujours à surprendre vos lecteurs !

AMÉLIE NOTHOMB. J’écris d’abord pour m’étonner moi-même. Evidemment, c’est un sacré sport puisque ça suppose qu’on soit toujours à l’avant-garde de soi-même. C’est un travail de tous les instants.


Comment pourriez-vous définir votre littérature ?

Je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour répondre à votre question, mais je dirais que ma littérature est une littérature des sensations. Je travaille essentiellement sur les perceptions. Pour moi, la littérature sert à approfondir nos sensations et nos perceptions. Nous avons tous cinq sens, mais le drame de ces sens est qu’ils sont tellement rapides que finalement nous ne les analysons pas assez, nous ne les questionnons pas assez. La littérature est là pour ralentir le processus des sensations. Le simple fait de voir et d’écouter est extraordinaire. La littérature sert à nous rappeler cela.


Vous aimez beaucoup parler d’ivresse. Dans Le Fait du prince, sorti en 2008, nous tombions corps et âme dans du champagne. Cette année, on bascule dans les champignons hallucinogènes…
Qu’est-ce qui vous intéresse dans ces transes ?

Toutes les transes sont intéressantes. L’ivresse, c’est la perception enfin consciente d’elle-même. Je pense que si nous étions vraiment lucides, nous serions ivres tout le temps.
“Il faut essayer d’être ivre régulièrement”


L’ivresse nous amène-t-elle à nous découvrir nous-même ?

Oui, car quand nous grandissons, quand nous devenons adultes, nous apprenons à nous construire un filtre qui est d’ailleurs indispensable pour devenir une personne responsable et rationnelle. Le problème de ce filtre est qu’il ne nous rend pas plus conscient de la folie des choses. Alors une fois de temps en temps trouver l’ivresse, quel que soit le moyen, et il y a beaucoup de moyens d’être ivre, y compris des moyens extrêmement légaux et simples, nous rappelle que nous ne sommes pas des adultes. L’enfant est toujours là en nous et notre capacité d’émerveillement intacte.


Selon vous, serions-nous plus heureux ivres ?

Oui, mais bon, on ne peut pas être ivre tout le temps, j’ai déjà essayé, ça ne marche pas et ça rend malade. Mais il faut essayer d’être ivre très régulièrement.


Vous êtes une habituée de la rentrée littéraire, en sortant un roman tous les ans depuis 1992. N’avez-vous jamais eu peur de la page blanche ?

J’écris depuis que j’ai dix-sept ans. J’ai souffert de toutes les angoisses pendant ces années, mais jamais de celle de la page blanche. D’autre part, je sais que ça ne me met à l’abri de rien. Jusqu’à présent, je n’ai jamais souffert de ce syndrome, mais ça pourrait toujours m’arriver. J’ai quand même cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je n’écris d’ailleurs pas qu’un seul roman dans l’année, mais plusieurs. J’ai compté, j’en écris, à peu près, 3,7 par an.
“Les antihéros sont beaucoup plus proches de nous”


Comment choisissez-vous l’ouvrage que vous allez sortir à la rentrée littéraire ?

Je fais toujours un peu la même chose. Pendant l’hiver, je relis tout ce que j’ai écrit dans l’année et c’est à ce moment-là que je prends ma décision.


Vous n’arrêtez jamais d’écrire…

Oui. C’est un boulot à plein-temps. Ce n’est pas seulement le temps qu’on passe à son manuscrit qui compte mais même quand on fait ses courses ou qu’on fait sa vaisselle, on travaille à son roman. On ne pense qu’à ça. C’est vraiment un travail de tous les instants.


A la première page de Le Voyage d’hiver, votre héros plante le décor : « Je vais faire exploser
l’avion de 13 h 30. » Après les récentes catastrophes aériennes, n’avez-vous pas hésité à aborder ce thème ?

Je l’ai écrit en octobre et novembre dernier. Donc bien avant la catastrophe du Rio-Paris. Avec toute la tristesse que j’ai pour le Rio-Paris, je n’ai pas attendu cela pour avoir une espèce de paranoïa vis-à-vis de l’aviation. Je prends pourtant beaucoup l’avion depuis que je suis toute petite, mais ça m’a toujours fait très peur.


Votre héros, Zoïle, est éperdument amoureux d’une femme et par désespoir il en vient à cet acte terrifiant…

L’amour est un très grand danger. C’est ce que nous avons à vivre de plus beau sur terre, mais c’est dangereux. Dans Le Voyage d’hiver, j’ai pris un cas extrême. Simplement, je pense que toute personne qui vit l’amour fou, l’amour paroxystique, connaît ce phénomène de peur. On sait qu’on éprouve des sentiments très violents et l’autre aussi, mais cela peut nous amener à montrer le meilleur de nous-même comme le pire.


Vous prenez la plume au masculin. Est-ce un exercice difficile ?

Ce n’est pas plus difficile que de se mettre dans la peau d’un assassin. Je pense que quand on écrit, on a l’identité que l’on veut. Quand j’écris, je descends dans ce que j’appelle le « sous-marin de l’écriture ». C’est un lieu que je ne pourrais pas vous situer géographiquement, mais c’est un centre de gravité qui est très bas en moi.


Pourquoi avez-vous plaisir à donner vie à des antihéros ?

Parce qu’ils sont beaucoup plus proches de nous. Les héros tels qu’on les voit dans Jules Verne, ils sont merveilleux mais je ne les ai jamais rencontrés.


Y a-t-il un personnage dans Le Voyage d’hiver auquel vous vous identifiez ?

Oui, à l’écrivain « neuneu » (NDLR : Aliénor dans le livre). Si on vit avec moi au quotidien, on se rend compte que je suis complètement handicapée mentale.




Conte d’un amour fanatique

« Il n’y a jamais d’échec amoureux », c’est ce qu’écrit Amélie Nothomb. Pourtant, son roman semble nous dire le contraire. Employé chez EDF, Zoïle fait une visite de routine dans un immeuble et rencontre une charmante locataire, Astrolabe. Il en tombe éperdument amoureux. Problème : Astrolabe est le tuteur légal d’une écrivaine « neuneu », Aliénor, avec laquelle elle vit nuit et jour. La relation passionnelle entre Zoïle et Astrolabe tourne vite à l’obsession. Afin d’évacuer sa frustration il lui donne des champignons hallucinogènes pour planer avec elle. Zoïle se voit repoussé de jour en jour et prépare un terrible attentat afin de bénéficier de l’attention de sa bien-aimée.

Le Voyage d’hiver, Amélie Nothomb, éd. Albin Michel, 134 p., 15 euros.
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