Amélie Nothomb est une intelligence. Un système de cellules grises à l’aise sur ce marathon que représente l’écriture d’un roman, mais capable aussi de sprints très spectaculaires. Comme hier soir, au Centre Pompidou-Metz. Répondant à Gaston-Paul Effa devant une salle comble, elle a été brillante. Parfois très simple, parfois pratiquant l’humour à froid. On n’en attendait pas moins d’elle.
Sa correspondance avec ses lecteurs ? « Je reçois beaucoup de lettres. Je réponds à celles qui le méritent, soit les 9/10 e. C’est énormément de travail. »
Son mot préféré ? « Pneu. Sa sonorité me plaît, je le mets dans tous mes livres comme une signature intérieure. C’’est difficile, il est rarement question de pneus dans mes livres ! »
La crise d’identité belge ? « J’ai compris qu’être Belge, c’est ne pas avoir d’identité. Peut-être que pour une fois, la Belgique pourrait apprendre quelque chose à la France : que nos identités sont des bricolages. Ce débat sur l’identité est assez sinistre et très orienté. » Amélie en profite pour se dire « lorraine belge. Je le souligne, parce que je veux absolument gagner le prix Erckmann-Chatrian ».
La situation du Japon ? « Je suis traumatisée. Il y a là-bas des gens que j’aime, dont ma deuxième mère. Ils prennent ça avec flegme. J’essaie d’être aussi courageuse qu’eux. »
Comment sait-elle quand un roman qu’elle écrit est achevé ? « C’est comme un bébé. Quand il est sorti tout entier, je le vois. Il peut être moche ou monstrueux, mais il est là ! » Un spectateur lui pose alors une question en se présentant comme « Sélim, sage-femme », et la soirée tourne au surréalisme… R. S.