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 Le Parisien

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Sylbao
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Sylbao


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MessageSujet: Le Parisien   Le Parisien Empty8/2/2009, 03:52

PARIS (VI e ), LE 20 AOUT. (LP/PHILIPPE LAVIEILLE.)
Amélie Nothomb : « Je ne sais jamais où je vais »


Une fin d’après-midi, près de la Maison de la radio. Vêtue de noir, souriante et sans chapeau, Amélie Nothomb a cette peau blanche, cette peau de papier qui la caractérise. D’une voix énergique et sonore, elle parle de son dernier « bébé », « le Fait du prince », l’un des romans phare de cette rentrée.



Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

En lisant le journal. Je lis beaucoup les nécrologies des inconnus. Ça me met toujours de bonne humeur. Ce qui me frappe, c’est la récurrence d’une formule : « L’individu est mort pendant qu’on le conduisait aux urgences. » J’en ai parlé à un ami médecin qui m’a dit que c’était juste une formule. Les choses se sont échafaudées à ce moment-là.


Dans « le Fait du prince », il est question de changement d’identité. C’est l’aventure suprême, à vos yeux ?

Suprême, peut-être pas… mais l’une des plus grandes peut-être. Comprenons-nous bien. Ici, il s’agit d’usurper l’identité d’un inconnu. Quelqu’un dont on ne sait strictement rien ! Ça, c’est grisant !


L’un des personnages est agent secret. Ce métier vous fascine ?


C’est un métier fondamentalement littéraire. L’écrivain lui-même est forcément un agent secret. Il épie ses personnages. Il est tout le temps en filature.


Tous vos personnages ont-ils un point commun ?

Peut-être ont-ils en commun une certaine… disponibilité. Là, par exemple, on a affaire à un bonhomme qui, suite à un hasard, décide de faire exactement ce qu’il veut et s’y tient jusqu’au bout.


Dans ce livre, on a parfois l’impression que vous avancez au petit bonheur…

C’est tout à fait juste. Ça démarre très vite, comme un film de Hitchcock, ensuite le rythme se ralentit.
Quand mon personnage se retrouve dans la villa et qu’il ne se passe strictement rien, il a le temps de se demander : « Ma position est absolument intenable ! Comment je vais m’en sortir ? »


En parlant de lui, vous parlez de vous…


Je vis exactement de cette manière ! Je n’ai encore volé l’identité de personne mais cette impression de me coucher le soir en pensant « comment ai-je fait pour arriver jusqu’ici ? », je connais très bien !


Autrement dit, vous ne savez pas forcément où vous allez…

Je ne sais jamais où je vais ! Ni dans mes livres ni dans ma vie.


Vous avez un grand nombre de romans dans vos tiroirs. Celui-ci en est un ?

Je vous donne ma parole d’honneur que tous les livres que j’ai publiés ont été écrits dans l’année qui a précédé. Si je publiais un roman antérieur, j’aurais l’impression de réchauffé. Pour celui-ci, c’est très clair : c’est le 61 e et je suis en train d’écrire le 64 e .


Comment passez-vous de 61 à 64 ?

J’en ai écrit d’autres, entre-temps ! Celui-là, je l’ai fini en décembre dernier.


Pensez-vous que vous réussissez vos fins ?

C’est une question que je ne me pose pas. J’assiste à un accouchement. Quand, tout à coup, le bébé est hors de moi, je me dis « Voilà ! peut-être qu’il est moche, mais il est là. »


Vous ne recommencez jamais ?

Ce serait remettre le bébé dans son ventre ! Il est né comme ça : s’il est boiteux, laissons le boiter. Ce que je fais, c’est écrire un autre livre.


La plupart de vos romans sont traversés par une forme de légèreté…


C’est inhérent à mon ton. Les cantatrices ne choisissent pas leur registre. La nature les a faites soprano, mezzo ou alto. Je crois que j’écris soprano même quand je traite de sujets graves.


L’année dernière, pour « Ni d’Eve ni d’Adam », votre nom a disparu de la dernière liste du Goncourt et vous n’avez pas caché votre déception. Avec le recul, comment revivez-vous ce moment ?

C’est vrai que j’ai pensé « ah ben merde, alors ! » Aujourd’hui : je me dis : « heureusement que les choses se sont passées comme ça ! » En m’imaginant avec le Goncourt, j’aurais l’impression d’être déjà un écrivain du passé. Et puis, je me suis fait une raison : le Goncourt, je ne l’aurai jamais !


Pourquoi pensez-vous ça ?

J’ai l’absolue conviction que, si je devais l’avoir eu, ce devait être pour le précédent.


Et si jamais…

C’est impossible, je vous dis ! Je n’y croirai plus jamais. Une fois, mais pas deux (elle rit). Maintenant, je sais que ce sont des farceurs, et puis voilà.


Êtes-vous obsédée par un livre que vous n’arrivez pas à écrire ?


Bien sûr ! A travers toutes les grossesses que je vis continuellement, je sais qu’il y en a une grande qui m’attend. Je sais même déjà ce que ce sera. Mais je ne sais pas quand j’aurai la force de le faire. Si ça se trouve, je mourrai sans avoir eu cette force.
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