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 Généalogie d'un Grand d'Espagne

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Sylbao
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MessageSujet: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty8/2/2009, 08:05

- Les planeurs en Terre de Feu, c’était une mauvaise idée. Erreur typique de l’immaturité : les jeunes gens ont tendance à surestimer autrui. Je pensais qu’il existerait des pilotes assez habiles pour maîtriser les vents terribles de cette pointe argentine. Je supposais même que la difficulté attirerait les champions de vol à voile. Ce fut le contraire : les candidats qui se proposèrent furent les pilote les plus maladroits – des débutants suicidaires. Mon agence devint une succursale des pompes funèbres.
- Il faut dire que vous aviez provoqué le destin. Appeler votre société "Icare", c’était un peu léger.
- C’est le mot.
- Il vous en reste le prestige. Dans une biographie, c’est magnifique : "Elemirio Nibal y Milcar : Grand d’Espagne. A créé une agence de vol à voile en Terre de Feu." C’est beau.
- J’ai fait mieux.
- Les indulgences ?
- Oui.
- Vous en êtes fier ?
- Très. Avoir relancé le trafic des indulgences sera toujours mon titre de gloire.
- Je vous avoue que je ne suis pas d’accord.
- Mon ami, le trafic des indulgences est, en Espagne, une nécessité physiologique. Les Espagnols ne sont pas plus pécheurs que les autres, mais ils en conçoivent beaucoup plus de remords. Ces remords provoquent des dysfonctionnements du duodénum.
- Quand même, tirer de l’argent de la foi des peuples…
- Des Espagnols. Seulement des Espagnols.
- Que ce soient des Espagnols ou des Papous, je ne vois pas ce que cela change.
- Pardon. Les Espagnols ont une complexion biologique différente.
- Ah ?
- C’est à cause de l’Inquisition. Depuis Torquemada, les Espagnols n’ont plus le même système digestif. Lisez Cervantès.
- Je ne vois pas le rapport.
- Précisément, il n’y en a pas. C’est cela qui est étrange.
- Et le trafic des indulgences, là-dedans ?
- C’était de la bienfaisance. Je la pratiquais par charité physiologique. Les Espagnols m’en ont conservé une gratitude éternelle.
- Une gratitude qui vous a rapporté beaucoup d’argent.
- Les Nibal y Milcar ne s’attachent pas à l’argent. A telle enseigne que je me suis empressé de dépenser cet argent.
- Pour acheter quoi ?
- Les armes que j’ai vendues en Afghanistan.
- Comment ! Vous n’avez pas honte ?
- De quoi ?
- L’argent de la foi !
- Non : l’argent des troubles digestifs.
- Peu importe : aux yeux des Espagnols, c’était l’argent de Dieu.
- Admettons. Où est le problème ? En Espagne plus que partout ailleurs, Dieu et la guerre font cause commune.
- Au XVIième siècle, oui !
- Mais nous sommes au XVIième siècle.
- Ah. Cela explique tout.
- Bien sûr. Le monde devient compréhensible à la condition de savoir que nous sommes au XVIième siècle. Or, dans le système des Nibal y Milcar, la logique ne fonctionne qu’en aval : une hypothèse est vraie si elle vérifie les phénomènes. Donc nous sommes au XVIième siècle.
- Et c’est à cause de ce XVIième siècle que vous avez trouvé recommandable de vendre des armes en Afghanistan ?
- Non : c’était par piété familiale. Depuis les origines de l’humanité, il y a toujours eu un Nibal y Milcar pour faire la guerre. J’étais le seul disponible parmi les miens : je me suis dévoué.
- Enorme.
- Oui, je me suis étonné moi-même. Je ne me serais pas cru capable d’un tel sacrifice.
- Enfin, don Elemirio ! Vous savez bien qu’il n’y a aucun rapport entre faire la guerre et vendre des armes !
- Aucun rapport ? Mon ami, vous êtes fou.
- Je parle de l’honneur, vous m’avez compris : on peut trouver honorable de livrer bataille. Mais qui peut trouver honorable de vendre des armes ?
- Moi.
- J’aurais dû m’en douter.
- Le fait est que j’en vendais de part et d’autre.
- De mieux en mieux !
- En effet. L’inconvénient de la guerre est qu’il faut choisir son camp. J’ai toujours trouvé cela mesquin. Moi, ce que j’aime dans la guerre, c’est la guerre, pas telle ou telle force en présence. En vendant des armes aux deux camps, je dépassais les querelles de clocher pour prêter allégeance au saint sacerdoce militaire.
- Alors vous avez vendu des armes aux Russes ?
- Pourquoi pas ? La très sainte Russie…
- Une seconde. Je sais que nous sommes au XVIième siècle mais il ne faut quand même pas sombrer dans la débilité mentale. Car je me permets de vous rappeler, don Elemirio, que vous n’êtes pas fou.
- Vous avez raison. Je ne suis pas fou.
- En ce cas, vous n’êtes pas autorisé à dire n’importe quoi.
- Je ne dis pas n’importe quoi. Tout ce que j’avance est le produit d’un raisonnement.
- Hélas, je le crains.
- Voyez-vous, les Afghans étaient très sympathiques, mais les Russes étaient chrétiens.
- Ah. C’était un épisode des guerres de religion ?
- Forcément, puisque nous sommes au XVIième siècle. Ceci dit, si c’était à refaire, je ne le referais pas.
- Auriez-vous des remords ?
- Je ne suis pas un vrai Espagnol, donc je n’ai pas de remords. Mais je vous assure que vendre des armes était très ennuyeux. Je ne me suis jamais autant ennuyé de ma vie. On aurait tort de croire que tous les commerces se valent. Trafic pour trafic, la vente des indulgences était beaucoup plus amusante. Savez-vous pourquoi ? Parce que c’était plus humain. Quand on vend une indulgence, on a un contact direct et intime avec le pécheur. On peut le conseiller, lui dire que pour telle faute, tel tarif conviendrait le mieux. On peut même pleurer avec le client, si son désarroi est profond. C’est émouvant. En revanche, il est impossible d’avoir une conversation avec une division qui vient vous acheter des bazookas. J’ai essayé, cela ne marche pas.
- Vous me tenez les propos les plus ahurissants que j’aie entendus de toute ma carrière de généalogiste. Mais je ne discuterai pas les mérites comparés de ces deux métiers admirables – ce n’est pas dans mes cordes. Il y a un seul point que j’aimerais développer : votre nationalité. Finalement, êtes-vous catalan, oui ou non ?
- Non.
- Alors pourquoi êtes-vous considéré comme tel ?
- Parce que je ne suis pas vraiment espagnol.
- En voilà une réponse ! S’il suffisait de ne pas être espagnol pour être catalan, il y aurait beaucoup de Catalans sur terre.
- Vous ne comprenez pas. Les Nibal y Milcar ne sont ni espagnols ni catalans.
- Que sont-ils ?
- Ils sont Grands.
- La Grandesse n’est pas une nationalité.
- Pourquoi ?
- Comment, pourquoi ? Tout le monde a une nationalité, à moins d’être apatride. Etes-vous apatride ?
- Pour qui me prenez-vous ?
- Bon. Alors quelle est votre nationalité ?
- Les Nibal y Milcar sont étrusques de pères en fils.
- Etrusques ?
- Oui. Nous sommes étrusques pas les Carthaginois, comme d’autres sont full aux as par les rois.
- Très drôle.
- Et vrai. Nibal y Milcar, cela sonne punique, vous ne trouvez pas ?
- C’est un peu trop facile. Et puis, cela n’explique pas les Etrusques.
- Ah, les Etrusques, cela ne s’explique pas. Le caractère fondamental de la race étrusque est de ne pas s’expliquer.
- Comment pouvez-vous savoir que vous êtes étrusque, en ce cas ?
- Précisément, parce que je ne peux pas l’expliquer.
- Si c’est ainsi, vous n’avez pas besoin de faire intervenir les Carthaginois.
- Mais le caractère fondamental des Carthaginois est d’intervenir quand on n’a pas besoin d’eux.
- Je vois. Comme le caractère fondamental des Nibal y Milcar est d’avoir réponse à tout.
- Il y a de cela.
- Très bien. J’aimerais quand même savoir d’où vous est venue cette réputation de Catalan ou d’Espagnol.
- Vous posez là une question qui dépasse la généalogie. C’est trop métaphysique. Montesquieu qui se demandait avec consternation comment l’on pouvait être persan l’avait déjà compris. Comment peut-on être espagnol, comment peut-on être catalan ? C’est une interrogation qui me donne le vertige. Peut-être nous a-t-on crus espagnols parce que nous étions catholiques.
- C’est ça. En fait, vous n’avez aucune envie d’en parler.
- Pourquoi dites-vous cela ?
- Vous me répondez de telles énormités que j’ai du mal à y voir autre chose qu’une diversion.
- Vous avez tort : il y a consubstantialité entre l’Espagne et le catholicisme.
- Consubstantialité !
- Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi le Christ n’était pas espagnol. A vrai dire, je ne l’ai jamais cru.
- Cru quoi ?
- Que le Christ pût ne pas être espagnol. On trafiquait facilement les nationalités à l’époque : je ne vois pas d’autre explication.
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty8/2/2009, 08:05

- Oui. C’était aussi l’époque où l’on se prétendait étrusque à travers les Carthaginois.
- Cela n’a rien à voir. Le cas des Nibal y Milcar est très différent de celui du Christ.
- Ah !
- Voyez-vous, dans le cas de notre famille, les Messies surgissent en ordre de lignée palingénésique, à la cadence d’environ un tous les cinq siècles. Tandis que Jésus, de son propre aveu, était l’alpha et l’oméga.
- Normal puisqu’il n’a pas eu d’enfant.
- Détail qui doit désoler le généalogiste que vous êtes.
- N’ayez crainte ; j’ai bien assez d’occupation avec une famille telle que la vôtre.
- Vous devriez cependant étudier le cas du Christ : il était Grand, lui aussi.
- Un Grand de Galilée ? Cela a-t-il un sens ?
- Un Grand d’Espagne, monsieur. S’il y a eu un seul Espagnol sur terre, c’était lui. Et Cervantès pensait comme moi.
- Comment cela ?
- Cervantès aurait-il inventé un personnage aussi révolutionnaire que Don Quichotte s’il n’avait pas tant enragé de l’usurpation de notre héros national par les Galiléens ?
- Raisonnement ténu. On peut le transporter à n’importe quel peuple qui s’est créé un héros national après l’ère chrétienne.
- Non. Il n’y a pas d’équivalence possible. Aucun héros national n’arrive à la cheville de Don Quichotte.
- Il y a du vrai là-dedans.
- Eh bien, Don Quichotte, c’est le Christ.
- Et moi, je suis la reine d’Angleterre.
- Leur histoire est la même. Ce sont deux idéalistes suicidaires. Vous ne trouverez pas, dans aucune culture mondiale, des héros mythiques aussi désintéressés. Ce sont les deux figures les plus oblatives de l’Histoire.
- Admettons. Mais Don Quichotte était fou.
- Pas plus que moi. Et vous avez dit tout à l’heure que je n’étais pas fou.
- C’était avant de savoir que vous étiez étrusque par les Carthaginois.
- A supposer même que je sois fou, la folie n’est jamais une explication. Qu’a-t-on expliqué, quand on a dit que Don Quichotte était fou ? Rien.
- En effet. De là à dire qu’il est le Christ !
- Mais si. Le code de chevalerie, Amadis de Gaule, c’est la loi de Moïse, les textes des prophètes. Nos deux Christ sont obsédés par la présence fantasmatique du Mal. L’un et l’autre ont la même tendance à sublimer de pauvres filles ramassées dans la rue et à les défendre magnifiquement. C’est surtout cela : ils sont tous les deux magnifiques – d’autant plus magnifique que le vulgaire les trouve ridicules. Aucune nation n’a autant le sens du magnifique que l’Espagne. La France a le sens du bon goût, l’Italie a le sens du beau, la Chine a le sens du céleste. L’Espagne, elle, est magnifique. C’est la raison pour laquelle notre famille s’y est ralliée. Les Nibal y Milcar sont magnifiques de père en fils et de mère en fille.
- Les Nibal y Milcar le sont sans aucun doute. Mais vous trouvez vraiment que le Christ et Don Quichotte soient magnifiques ?
- Ils sont encore plus magnifiques que les Nibal y Milcar ! Ils sont le sommet de la magnificence. Ils sont magnifiques comme seul l’or peut l’être. Et en Espagne, on a le sens de l’or. Lire les Evangiles ou lire Don Quichotte, c’est lire de l’or : on doit s’arrêter sans cesse pour fermer les yeux tant on est ébloui.
- Vous n’avez rien expliqué.
- Comment voulez-vous l’expliquer ? Si vous ne sentez pas en lisant Cervantès ou les Evangélistes, que vous avez affaire à la magnificence, à l’or, à toute la Grandesse de le Terre, personne ne pourras vous l’expliquer.
- Et Sancho Pança ?
- C’est lui, le véritable héros national. Le malentendu a été de croire que c’est Don Quichotte. Un Grand ne peut pas être un héros national : il est trop magnifique pour cet emploi.
- Mais le Christ n’a pas de Sancho Pança.
- Si. Il en a douze. C’est là qu’apparaît le côté plus archaïque des Evangiles : chacun des apôtres personnifie un caractère. Sancho, lui, est un homme moderne, complexe, qui englobe tant l’incrédulité de saint Thomas que la loyauté de saint Jean, la perfidie de Judas que le côté "gentil chien de garde" de saint Pierre.
- Intéressant. Cela suffit-il à faire du Christ un Espagnol ?
- Qu’est-ce qu’il vous faut ? Si vous êtes hommes à ne juger qu’aux résultats, n’y a-t-il pas lieu d’être encore plus convaincu ? Car c’est en Espagne que le Christ a fait sa plus belle carrière. Vous ne trouverez nulle part de grenouilles de bénitier plus nombreuses et fanatiques qu’en ce pays. Aucun saint ne se compare à Thérèse d’Avila. Nous sommes les champions du Christ.
- Nous ? Je pensais que vous n’étiez pas espagnol.
- Quand je parle du Christ, je suis toujours espagnol. C’est à cause de l’or. Posséder une importante quantité d’or est aussi un bon moyen de devenir espagnol. Les Nibal y Milcar ont une passion pour l’or.
- Comment se fait-il que vous en ayez tellement ?
- C’est ancestral. Vous savez, quand on descend des Etrusques par les Carthaginois, on a déjà bien des raisons d’avoir accumulé de l’or.
- Pourquoi ? Vos ascendants puniques étaient pirates ?
- Moins nous en saurons sur leur compte, mieux nous nous porterons. Le résultat est que, depuis les origines de l’humanité, les Nibal y Milcar possèdent une immense quantité du plus bel or qui fût. En comparaison avec notre lot ancestral, les fameux ors des Scythes évoquent la médaille d’une première communiante. J’ai calculé qu’avec le poids d’or dont nous sommes propriétaires, nous aurions de quoi offrir une dentition complète à toute la population du Danemark.
- Pourquoi du Danemark ?
- Vous avez quelque chose contre les Danois ?
- Non, mais vous dites cela comme s’ils avaient de graves problèmes de dents.
- Qu’allez-vous imaginer ? Non, je disais cela parce qu’ils sont cinq millions.
- Vous possédez assez d’or pour cinq millions de mâchoires ?
- Oui.
- Et que faites-vous avec cet or ?
- Rien.
- Rien ?
- Il n’y a rien à faire avec l’or. On le contemple, on l’admire.
- Vous en vivez quand même ?
- Blasphème ! L’or n’est pas une monnaie ! Depuis les origines de l’humanité, les Nibal y Milcar n’ont jamais vendu un atome d’or.
- De quoi vivez-vous, alors ?
- De notre argent.
- Et d’où vient cet argent ?
- Personne ne l’a jamais su. Il vient.
- Il est peut-être venu des entes d’armes et du trafic des indulgences…
- Il n’a pas attendu cela pour venir. Je ne comprends pas que l’on puisse parler d’argent : il n’y a rien à dire à son sujet. On nous a toujours proposé sans même que nous en ayons demandé. A croire qu’on nous paie pour être ce que nous sommes.
- C’est peut-être le cas.
- En revanche, il y a beaucoup à dire sur l’or.
- Pourquoi cette obsession de l’or ?
- Parce que les Nibal y Milcar sont obsédés par la morale.
- Oui : vous prolongez la tradition arthurienne. L’or, symbole de perfection morale, à cause de son caractère incorruptible…
- Vous n’y êtes pas du tout, mon ami. La légende du Graal est une charmante fantaisie bretonne : elle nous et aussi étrangère qu’une comptine bavaroise. En Espagne, l’or est beaucoup plus profond. Et chez les Nibal y Milcar, l’or est le suprême valeur.
- Y a-t-il eu des alchimistes parmi vos ascendants ?
- Non pas. Les alchimistes sont de plaisants apprentis sorciers qui travaillent dans l’esprit arthurien. Leur ésotérisme m’a toujours fait songer aux panoplies pour enfants – vous savez, "le petit chimiste".
- Et en quoi votre passion est-elle si différente ?
- En ce qu’elle est non symbolique. Les Nibal y Milcar aiment l’or pour l’or.
- Matérialisme ?
- Au contraire. Spiritualisme porté à l’extrême. Nous aimons l’or uniquement pour sa beauté. L’or est l’état le plus dense de la beauté sur terre. C’est pourquoi notre amour pour lui est le sommet de la morale. Car il serait immoral de ne pas adorer une substance aussi magnifique. C’est une passion mystique : l’or n’est pas le symbole de la foi chrétienne, l’or est la foi chrétienne.
- Je croyais que le christianisme était une religion pour les pauvres.
- Si le christianisme était vraiment une religion pour les pauvres, il n’y aurait pas tant de chrétiens. Personne n’a envie de devenir pauvre.
- Il y a un côté païen dans ce que vous dites.
- Blasphème ! Païens, nous ?
- Si vous descendez des Etrusques par les Carthaginois, il a bien fallu que vous fussiez païens un jour.
- C’est faux. Mes ancêtres étaient les messieurs Jourdain du christianisme. Ils adoraient l’or bien avant l’ère chrétienne : et adorer l’or revient toujours à adorer Notre Seigneur Jésus-Christ.
- Conception étonnante.
- Posséder de l’or, c’est honorer le Christ. Plus on en possède, plus on honore le saint nom de Jésus. C’est pourquoi notre famille est la championne du christianisme.

La Nouvelle Revue Française n°527


Dernière édition par Sylbao le 12/2/2009, 01:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty10/2/2009, 20:13

Osé : mais c'est faux le christianisme est une religion pour les pauvres.
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty10/2/2009, 20:25

Oui. Pourquoi ? Peut-être parce que c'est une religion de martyre et d'ascèse, avec une espèce d'espoir : "les premiers seront les derniers"...
Et justement, Amélie renverse tout, elle ne prend pas l'or pour sa valeur financière. Elle (ou le Grand d'Esapgne) le prend pour sa beauté.
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty10/2/2009, 20:30

Certes, mais c'est mordant car l'Eglise est immensément riche. Et cet argent vient...des pauvres...c'est ce que je retiens et les Espagnols sont les plus généreux en la matière. Mais connait-elle les Toulousains, Voltaire lui en aurait dit quelques mots sur le fanatisme religieux de cette ville...
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty10/2/2009, 20:34

Tu as raison, je crois que tout cela a un rapport avec les dons. Comme si, aux yeux des Chrétiens, elles étaient des offrandes sublimes et pures, belles, et non pas de quoi faire vivre curés et autres moines...
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MessageSujet: Re: Généalogie d'un Grand d'Espagne   Généalogie d'un Grand d'Espagne Empty10/2/2009, 20:39

Je crois qu'il faut y voir une stigmatisation du pouvoir sur le religieux.
L'or confère à celui qui le possède une influence qui est grande et lier or et religion n'est pas anodin. C'est assez classique tout compte fait mais les idées qui s'ajoutent à l'idée principale sont très audacieuses...
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