Scoop ! On a trouvé le secret du succès d’Amélie Nothomb. A peine arrivée dans notre rédaction, elle a manifesté une curiosité tous azimuts pour la conférence de rédaction, l’actualité, les gens. Rien de factice ou de calculé chez cet ovni littéraire trop souvent réduit à une caricature vêtue de noir. Le secret d’Amélie, c’est le goût des autres. Et un certain goût pour le champagne, aussi...
Le succès du Fait du prince semble vous surprendre ?
Toujours ! Alors que ça a très bien marché pour moi dès le départ, c’est-à-dire en 1992 ; je suis dans les best-sellers depuis 1999, et ça ne s’est jamais démenti. Mais je ne considère pas ça comme un abonnement, au contraire. Chaque fois que je publie, c’est comme si je remettais mon titre en jeu. La rentrée littéraire est pour moi un enjeu considérable, le moment d’une angoisse immense, mais il faut croire que j’aime ça, puisque je continue... Mais il faut savoir que rien ne m’y force !
Vous écrivez plusieurs romans dans l’année...
Chaque année, j’écris plus de trois romans. Je suis en train d’écrire mon 64e roman, et Le Fait du prince est le 17e que je publie. Je publie toujours quelque chose de récent, je ne veux pas puiser dans les vieilleries...
Celui-ci se démarque par sa légèreté...
La situation mondiale est tellement effrayante que c’est un peu une bouffée d’air frais, un truc marrant, peut-être ce dont les gens ont besoin en ce moment. Et puis, un des seuls produits qui ne subissent pas la crise, c’est le champagne...
Le livre aussi est épargné par la crise, non ?
Je dois dire que je ne crois pas à l’e-book. Mon rapport au livre papier n’est sûrement pas une exception. J’aime qu’on abîme les livres. J’aime voir mes livres tout sales dans les mains des gens... Lire en Pléiade, c’est vraiment l’horreur !
Lisez-vous vos collègues ?
Oui. Je lis énormément, on ne peut pas être écrivain sans cela. J’ai aimé les romans de Tristan Garcia et de Jean-Baptiste del Amo, chez Gallimard. Et Claire Castillon, qui n’a pas un style, mais une vraie langue, reconnaissable entre toutes. Et c’est tellement glauque qu’on peut en rire...
L’humour est-il le remède ?
C’est indispensable. La littérature existe parce que le mal existe, mais ce n’est pas pour cela qu’elle doit être suicidaire, bien au contraire. Elle doit être lue comme un mode de survie au mal, c’est ce qu’on voit dans mes livres. L’histoire est toujours abominable, et pourtant on s’en sort toujours. Pourquoi ? Parce que, finalement, c’est drôle. L’humour et l’énergie aident à repartir.
Prenez-vous des vacances ?
Je suis tellement sollicitée que je ne peux plus partir pour moi-même. Et ça ne changerait rien : je continue d’écrire tout le temps.